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  • Les garnitures pour dossier

    Les dossiers à pelote

    Une garniture dite à pelote sera réalisée sur un dossier dont le rembourrage doit être de faible épaisseur avec des bords non marqués par un point de garniture.
    Par exemple, les dossiers des sièges de style Louis XIII et Louis XIV ont généralement des dossiers à pelote, de même que de nombreux fauteuils et chaises du XIXe siècle.
    La garniture à pelote est la plus simple des garnitures. Elle n'est donc pas difficile à réaliser, mais il est important de ne pas négliger les deux points suivants :

    1. La qualité du crin est primordiale car une garniture à pelote n'est pas piquée. Seule l'élasticité du crin assure le confort et la longévité de ce type de garniture.
    2. Le laçage du crin détermine à la fois l'épaisseur et la forme de la garniture à pelote. Un laçage très homogène, une quantité de crin bien dosée et disposée
      avec régularité directement sous la toile blanche permettront d'obtenir un dossier réussi

    Fauteuil Louis XV avec dossier garni à pelote

    Les dossiers goutte de suif

    Une garniture dite «en goutte de suif» sera réalisée sur un dossier dont le rembourrage doit être comme le dossier à pelote relativement de faible épaisseur mais avec des
    bords légèrement marqués. Ces types de garnitures sont fréquemment misent en œuvre sur les dossiers de petits sièges, par exemple de style Régence, Louis XV, Louis-Philippe,
    etc. Cependant, comme le montre l'exemple ci-après, la garniture en goutte de suif peut trouver aussi une application appréciée lors du garnissage d'un dossier de chaise ou
    de fauteuil Louis XIII ou Louis XIV, où l'on désire mettre en évidence le rembourrage par un encadrement de clous vieillis ou de pastilles.
    Egalement enrobée directement dans une toile blanche, une couronne de crin plus importante en périphérie et un point perdu qui marque légèrement les bords sont
    les seules différences sensibles par rapport à une garniture à pelote.

    Dossiers à tableau

    C'est durant le style Louis XVI que la garniture dite « à tableau » a fait son apparition. Effectivement, après les rondeurs du style précédent, une volonté de rigueur et de
    rectitude s'est manifestée assez naturellement, par esprit de changement et d'opposition. Les modes de garnissage n'ont bien sûr pas fait exception.
    Sous le vocable «garniture à tableau», on entend une garniture dont les nombreuses rangées de points de piquage amènent finalement à un bourrelet extrêmement fin.
    Ce souci de finesse aboutira sous l'Empire à la garniture dite «en lame de couteau», laquelle nécessitera en plus des points de piquage habituels une finition de l'angle
    du bourrelet par un point de chaînette très serré. Un tel degré de finesse rendra d'ailleurs souhaitable la pose d'un large galon sur l'angle de la garniture dont le rôle au
    point de vue pratique consistera à éviter que le tissu de couverture ne s'use et ne se coupe trop rapidement.
    Toutes les garnitures à tableau ont comme point commun un bourrelet faisant un angle de 45° par rapport à la feuillure du dossier.
    Mis à part cette considération, plusieurs variantes peuvent toutefois se concevoir, selon les exemples indiqués ci-dessous:

    • pour un dossier plat «à la reine», rectangulaire ou médaillon (voire en fer à cheval): garnissage à tableau classique, c'est-à-dire avec des points de fond dans la partie centrale.
    • pour tous les dossiers incurvés, médaillons ou trapézoïdaux notamment: garnissage avec une rampe périphérique (cuvette), ceci afin de conserver impérativement le cintre concave.
    • pour les dossiers trapézoïdaux et incurvés: observer une «fuite» vers le bas, soit veiller à une diminution régulière de l'épaisseur, en « mourant» jusqu'à la traverse inférieure.

    Il va sans dire que pour garnir les coins, on utilisera la même technique que pour les sièges. Du plus ou moins grand nombre de points de piquage sera obtenue la finesse finale.
    La seule différence essentielle résultera de l'observation stricte du biais caractéristique de 45°.

    Garnissage à tableau d'un dossier Louis XVI rectangulaire et plat

    Cette garniture peut être exécutée de façon pleine, c'est-à-dire par une mise en crin traditionnelle, puis les points de fond, le rabattage et
    enfin le garnissage proprement dit (piquage). Naturellement, selon la finesse et la richesse de la feuillure du dossier, le travail de fixation
    de la toile à garnir sur la battue devra s'effectuer avec beaucoup de délicatesse, en utilisant pour cela les semences ou les agrafes appropriées.
    Il s'agira de respecter l'angle de 45°, puis piquer les coins de manière très précise (même technique que pour un siège rabattu).
    Pour ce type de garniture, on utilisera de préférence un crin animal d'excellente qualité et une toile à garnir fine en lin ou en coton (schächter).
    Le nombre de rangées des points de piquage sera déterminant pour atteindre la finesse du bourrelet désiré.
    L'emploi d'une ficelle fine en chanvre ou en fibres synthétiques sera aussi préférable à une ficelle pour garniture de siège.

     

    fauteuil Louis XIV

     

    auteur : Jean-jacques Trautwien

    "techniques de travail pour décorateurs d'interieurs"