Jules Leleu (1883-1961) |
Leleu : Décorateurs ensembliersValerie Pizzi a illustrée ce livre, en particulier le répertoire des formes et des styles Leleu. Cet ouvrage connait un énorme succés aux Etats Unis dans sa version anglaise. Valerie est aussi co-rédactrice de ce livre incontournable pour tout ceux qui aiment les Meubles |
Avec son frère, Jules Leleu commence à travailler dans le domaine de la décoration. Après la Première Guerre mondiale, il se spécialise dans la fabrication de mobiliers. Il ouvre une galerie en 1924 , et expose en 1925 à l' Exposition universelle des Arts Décoratifs et industriels modernes. Dès 1935 l’entreprise familiale, située dans un prestigieux hôtel de l’avenue Franklin Roosevelt à Paris, s’enrichit de 2 enfants : André à qui Jules confiera la responsabilité de l’aménagement des paquebots et sa fille Paule qui dirigera le département des tapis. En 1947 Jean, le second fils rejoindra à son tour l’équipe, composée également de Julienne l’épouse de Jules qui s’occupe sur Paris des textiles et la Tante Gabrielle la comptabilité.
Cette famille d'ébénistes, de créateurs et d'ensembliers, fut au sommet de la décoration française durant deux périodes très fécondes du XXe siècle :
les années 1920-1948 sous la houlette de Jules Leleu, puis les années 1948-1970 sous la direction de son fils André Leleu.
La Maison Leleu s’illustre à la fois dans le mobilier, mais également dans les tapis, les textiles, les papiers peints, les luminaires… ce qui lui vaut le titre de décorateur ensemblier car la qualité de ses membres lui permet de proposer la décoration dans son ensemble. Le génie de Jules est aussi de faire appel au plus grands :
comme Dunand et Amanaka pour les laques, Gernez pour les tapisseries des sièges, le peintre cartonnier Picart Le doux, Kasskoff pour les tapis, messager pour la marquéterie et Calka en 1970 pour le fameux bureau boomerang.
L'aménagement de nombreuses ambassades et de résidences de chefs d'État tant françaises qu'étrangères, l’aménagement de nombreux bureaux et université en ile de france à partir des années 60 et l'aménagement des plus beaux paquebots français : l'Ile de France, l'Atlantique, le Normandie, le France, illustrent la création d'un des noms les plus prestigieux de la décoration française.
QUELQUES EXEMPLES DE REALISATIONS ET D AMENAGEMENT DE LELEU
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C'est l'histoire de cette saga familiale exceptionnelle qui est retracée dans l'ouvrage : Leleu Décorateurs Ensembliers, aux Editions Hayot. Le Répertoire des Formes est illustré par des dessins originaux de Valérie PIZZI.
BIOGRAPHIE DE LA MAISON LELEU
Jules Leleu né en 1883 à Boulogne sur Mer. Il se forme aux Beaux Arts de Boulogne, dans l’Ecole Jean Goujon puis à l’école de Bruxelles ou il apprend les techniques du trompe l’œil, du faux marbre et du faux bois.
En 1882 son père Charles-Emile avait fondé une entreprise de peinture, sa femme Emilie dirigeant sa propre maison de couture. De leur union naissent 4 enfants : Gabrielle, Jules, Marcel et Marguerite.
En 1909, Jules succède avec son frère Marcel à la tête de l’entreprise sur laquelle viennent de se rattacher des ateliers d’ébénisterie qui réaliseront les premières créations.
La société prend un nom collectif en 1909 : « Leleu Frères ». Cette entreprise a pour objet l’exploitation d’un commerce de peinture, vitrerie et décoration. Son siège social est au 28 rue des Pipots à Boulogne sur Mer . Puis en 1912, un magasin est acheté avec un fond de commerce de meubles, rue Thiers. La sœur de Jules, Gabrielle, abandonne la couture pour assister ses frères dans les taches administratives. Alors que depuis deux ans l’entreprise familiale prospère, la Première guerre mondiale et la mobilisation de Jules et Marcel en 1914 semble tout arrêter. Jules est dans l’aviation et cette passion ne le quittera pas jusqu’a sa mort. Blessé deux fois, il est également fait prisonnier. La captivité est l’occasion pour lui de penser à ses futures créations et d’y faire des connaissances, dont certains conservateurs de musées. Ainsi, il se liera d’amitié avec Marcel AUBERT, futur membre de l’Institut ainsi que d’imminents personnages du monde de la culture. Il est également aidé par ses maîtres DEMAN (sculpteur) et DEMIZEL (dessinateur). Ils enrichiront tous ses connaissances de l’art et Jules verra naitre sa véritable vocation. Il fut l’un des premiers officiers de l’ordre des Arts et des Lettres.
A son retour en 1918, ses rencontres et ses années de réflexion forcée le conforte dans l’idée que l’avenir de l’entreprise familiale est dans la création de meuble.
Cependant, ce n’est qu’en 1920 qu’un hôtel particulier de 3 étages est acheté 31-33 grande rue. ll y est aménagé un magasin d’exposition de meubles et de décoration tenu par Julienne Leleu, la femme de Jules, alors que les ateliers se tiennent 28 rue des Pipots.
A cette époque les meubles exposés ne portent pas encore l’empreinte d’un style Leleu.
La clientèle locale jointe à celle des filateurs du Nord et aux habitués du Touquet, Paris-plage, où les frères Leleu ouvre un magasin, assurent un développement rapide.
Dès 1921, Jules acquière la certitude que la réussite passe par la capitale et les salons d’exposition qui s’y tiennent. Il vient travailler 3 jours par semaine à Paris car c’est également à Paris qu’il trouve les artisans capables d’exécuter des meubles de grande qualité.
Cela lui permet en 1922 d’exposer au Salon des Artistes Français un bureau d’appartement N° 17 et au Salon d’Automne une chaise portant le N° 20, et en 1923 d’exposer au salon des artistes décorateurs un lit en amboine avec marquèterie d’ivoire qui porte le N°54 dans le livre d’édition, 1 psyché trois corps N°55, une commode N°56 qui seront vendus à M. et Mme CHENARD (automobile) ainsi qu’un siège curule.
Au salon d’automne de 1923, il présente une commode qui sera acquise par l’état et qui portera le N°70. Cet acquisition de l’Etat marque le début d’une relation commerciale qui durera jusqu’à la fin.
Un jeune diplomate d’Equateur, M. ZALDUMLIDE acquière le bureau et la bibliothèque. Jusqu’en 1926 Leleu lui fournira son mobilier pour Quito et Paris.
Sa fille Célia devient également une fidèle cliente.
« J et M LELEU, Installation et décoration D’appartements Villas et Châteaux – Tenture – meubles – Peintures » est désormais la raison sociale qui orne les factures.
Fort de ce succès, en 1924 il s’installe à Paris au 65 avenue d’Antin devenue avenue Victor Emmanuel III et enfin avenue Franklin Roosevelt en 1973.
Il prend possession de l’ancien hôtel particulier du Prince de Joinville d’abord au rez-de-chaussée et au 2eme étage puis au 1er et au 3eme. Les bureaux
et les ateliers de dessin se trouvent au 4eme étage à l’emplacement des chambres de service. C’est en 1949 qu’il pourra avoir l’hôtel entier.
Cette année il présente une salle à manger au salon des artistes décorateurs dont une table portant le N°78.
Les créations qu’il présente à l’Exposition Internationale des arts décoratifs de 1925 sont d’une qualité telle que G Rémon écrira dans Mobilier et Décoration
d’août 1925 « Jules Leleu peut tenir pour l’un des plus sûrs artisans du beau meuble ».
Parmi les meubles présentés à l’exposition : une commode qui figure dans les collections du Métropolitan Muséum de New York, encadrée des 2 fauteuils
à accoudoirs en crosses qui figureront par la suite sur les sièges.
A l’Exposition Internationale des arts décoratifs et industriels, pour le Salon de Musique, il présente un piano RAGY (PIANOZ) ainsi qu’une chaise qui portent respectivement les N° 201 et 211.
Cette même année, il se voit confier l’aménagement d’un magasin de parfumerie commandé par les « Echos Mondains » ainsi qu’une boutique de fleuriste et une librairie.
Il décore également une des chambres de l’appartement de SAS, le Prince Pierre de Monaco, rue du Conseiller-Collignon. Cette chambre qui est publiée dans
la revue les Echos des Industries d’art de Juillet 1927 présente des meubles en ébène de Madagascar avec ornement d’ivoire dans un décor aux teintes bleu outremer et beige.
Le salon des artistes décorateurs de 1926, lui permet de présenter une grande variété de meubles : psyché, secrétaire, table-bureau, divan, armoire, table
à divers usages, meubles à cigares, à musique, meubles de salle à manger…
C’est à cette époque qu’il inaugure une longue série de commandes de la Compagnie Générale Transatlantique. Il lui est confié le mobilier du salon de lecture
du Paquebot Ile de France, 1ere version car le bateau sera remanié en 1949. Leleu restera jusqu’au paquebot France un fournisseur privilégié.
c’est ainsi qu’en 1927 il réalise l’aménagement du salon de lecture et d’écriture du paquebot Ile de France qui assure la liaison le Havre – New York et NY – le Havre,
ce qui permet à une clientèle de haut niveau de voir ses réalisations. Le long article qui lui ai consacré dans Mobilier et Décoration de 1927 parachève d’assurer
sa renommée que ce soit en France ou par delà l’Atlantique.
Au salon de la SAD, il présente cette année là divers meubles dont une vitrine portant le N°853.
Sa rencontre avec M. WINBURN, président de Cadum, est déterminante. M Winburn, personnage de légende s’il en est : d’origine brésilienne, petit agent de publicité.
Rentrant dans une pharmacie pour acheter un produit contre l’acné, il lui est donné une crème à l’huile de talc. Il trouve le produit extraordinaire et décide de fabriquer
selon le même principe une crème. Il prend pour la commercialiser le nom de Cadum et c’est le début de sa réussite.
Aimant les spectacles de music-hall, il se rend régulièrement aux Folies Bergères où il rencontre sa future épouse ; une danseuse. Voulant lui donner un cadre de vie
luxueux il confie la décoration de son appartement à Leleu à qui il donne carte blanche.
Leleu réalise entre autres décors la chambre : le lit en corbeille, les tables de chevet, la commode, coiffeuse, sièges… tout cela gainé de Galuchat rose.
Eugène Tisserand dans l’Art vivant de 1928 écrit : « chambre parfaite de Leleu ». Les critiques font éloges de cette réalisation. Jules entretiendra durant de nombreuses
années des relations commerciales fructueuses avec la Famille Winburn.
En 1928, une exposition de bureaux de dame a lieu au pavillon de Marsan. La revue « les Echos des industries de l’art » commente l’exposition, en appréciant les créations
Leleu notamment le bureau réalisé pour Mme de WENDEL.
La commode N°1012 est présenté au salon d’Automne. Ce meuble connaitra un immense succès et sera décliné sous de nombreuses variantes : bois de fil avec
motif d’ivoire en macassar dans les années 30, avec des incrustations de nacre et d’ébène dans les années 40-50 mais toujours avec la même ligne.
Leleu reçoit une commande de la Cie Sud Atlantique ; il sagit de créer le mobilier d’un bateau transatlantique qui sera inauguré trois ans plus tard. Ce premier bateau décoré
en style contemporain sera un excellent ambassadeur du style de Leleu et de la nouvelle décoration.
Leleu se charge de la décoration d’un appartement comprenant un salon tout en boiseries d’acajou ouvrant par des portes paravent en laque de Dunand et d’une chambre à
deux lits. Les sièges en tapisserie d’après un carton de Leleu s’harmonisent au tapis de Da Silva Brunhs, Ce décor fait l’objet d’article et de photos dans les numéros de 1931-32 de « Mobilier et Décoration ».
Malheureusement, ce bateau connaitra une fin tragique le 4 janvier 1933 lors de la croisière Le Havre-Bordeaux. Un feu naissant dans une cabine se propagera à tout
le bâtiment et il sera entièrement détruit par les flammes.
La Cie des Lampes (rue de Lisbonne) fait appelle à Leleu en 1929 pour sa salle du conseil. Leleu réalise un décor de boiseries en noyer dans lequel s’intègre une
table portant le N°1178 et des chaises portant le N°812. Les boiseries et le mobilier seront donnés au Musée de l’Art Moderne de la ville de Paris et seront visibles de
nombreuses années grâce à l’installation d’une salle Art Déco.
La table de salle à manger N°1219 est présentée lors du Salon des Artistes Décorateurs de cette même année.
Leleu réalise plusieurs meubles pour l’appartement du Comte de Rivaud à la Muette, alors qu’en parallèle la fille d’Edgar Brandt lui commande une salle à manger.
La comtesse de Marchena se rend au magasin de l’avenue Victor Emmanuel où elle prie Jules Leleu de venir voir son hôtel particulier place des Etats-Unis en vue de
faire sa décoration. Par la suite elle lui demandera la même chose pour sa propriété de saint Cloud.
En 1930, Il participe comme chaque année au salon des artistes décorateurs où il a un stand.
Le comte de Rivaud s’adresse de nouveau à Leleu pour la réalisation d’une piscine (d’une longueur de 33 mètres) dans sa propriété de St Cloud. Le revêtement mural est en laque rose et les rebords sont en mosaïque bleu jade, la plage est en tapis de caoutchouc le tout éclairé par des créations Leleu.
SAI le Prince TAKATSU, frère de l’empereur du Japon, s’adresse également à Leleu pour la réalisation de quelques meubles.
1931 voit enfin l’installation du Atlantique dont Jules avait eu la commande en 1928.
Il est présent à la SAD en présentant un divan avec dossier (le divan est sans dossier ni bras).
M. Combastet passe ses premières commandes. Son nom est souvent noté dans le livre d’ « Editions ». Il sera longtemps fidèle. Il en est de même pour : de Noailles, de Savigny, de Toledo.
Le Baron Empain commande un miroir coiffeuse.
Pour le salon SAD de 1933, Leleu dessine un guéridon en glace, et réalise dans le même temps un fauteuil en tapisserie, un canapé « rognon » ainsi qu'une
coiffeuse N°2014 pour le musée Galliera
Une commande lui est faite pour les Affaires étrangères qui portent les numéros 2070-2071-2072.
Le Préfet de la Seine Monsieur Renard devient à son tour un client fidèle.
Tout comme M. Albert Lespinasse (inventeur de Banania) qui sera lui aussi jusqu’à sa mort un grand amateur de Leleu. Celui-ci lui dessine entre autre un meuble TSF ainsi qu’un meuble bar portant respectivement les N°2083 et 2084 et réalise l’agencement d’un bar.
Paris Soir lui commande divers tables en 1934 après son succès au SAD où Leleu présente un meuble d’appui secrétaire.
Cette renommée sans cesse grandissante, encourage Monsieur de Vergie propriétaire de la Suze a lui passer de nombreuses commande de meubles.
Il travaille à nouveau pour M. de Vizella, bien connu dans le monde de la décoration.
Comme on prépare le lancement de « Normandie » célèbre Transatlantique de la Compagnie qui restera mythique jusqu’à nos jours, Leleu se voit confier
l’aménagement d’un appartement de grand luxe nommé « Trouville » qu’il enrichira de laques d’Hamanaka d’après des dessins de Kaskoff et de tapis de Da Silva Brunhs. Il réalise également la décoration des cabines de 3 passagers.
Le Ministère de l’air ainsi que celui de la Marine Marchande figure sur le livre d’Editions.
1935 voit s’ouvrir le 25ème édition du SAD pour lequel Leleu dessine un meuble qui portera le N° 2393 ainsi qu'un buffet N°2365.
Ce salon sera le couronnement de l’art de Leleu dans le style des années 30. Cette pièce parmi d’autres dans le bâtiment restera jusqu’à nos jours et est visivle au musée des années 30. Les artistes : pour le décor : Kaskoff – Schwartz pour la verrerie et Da Silva Brunhs pour les tapis.
Mobilier et décoration de 1937 en fera un grand article.
Le gouverneur de l’AOF lui confie l’installation de sa résidence.
Parmi les noms qui figure sur le livre : Dr Steiner de Genève, Harry Baur, Mme de Valbreuze. Un nom que l’on retrouvera dans quelques années :
Zustrassen et la SDN Société des Nationsà Genève.
L’installation de cette institution mondiale sera pour 1936.
A cette époque Jules Leleu confie des responsabilités à ses deux enfants. A l’ainé André, la surveillance des chantiers et à Paule le département « Tapis ».
Elle commencera à en dessiner pour des clients de décoration. Pour les commandes officielles, la réalisation est confiée à Da Silva Brunhs avec lequel Jules Leleu a un contrat jusqu’en 1936 (tel est le cas pour la Sté des Nations et le Paquebot Normandie).
1935 Comme Jules et ses deux fils sont des aviateurs passionnés, l’armée de l’air leur fait confiance pour la décoration du sanatorium Martel de Janville au Plateau d’Assy.
Le budget serré de 1700 FF par chambre est un défit.
Leleu réussit son pari :
Les meubles dessinés d’après des modèles en bois sont ensuite réalisés en tôle laquée et pliée par un artisan « Jean Prouvé ». Lors de la fermeture de l’établissement il y a une dizaine d’année, le Musée des années 30 fit l’acquisition d’un certain nombre de pièces dont une chambre qui est présentée au Musée des Années 30.
Une vingtaine de pièces sont crées pour le client M. des Rotours.
Le Ministère des Affaires Etrangères commande bureau et bibliothèque.
Une magnifique décoration fut réalisée avenue Victor Hugo à Paris. Cet appartement n’a jamais été transformé jusqu’à la mort de sa propriétaire :
une porte paravent œuvre du laqueur Hamanako, les sièges sont en tapisserie d’Aubusson d’après des cartons de Gernez, les tapis sont de Paule Leleu, dessins de Jouve,
céramique de Mayodon, verre de Jean Luce, argenterie de Puiforcat.
Pour la Société des Nations un buffet N°2473 présent dans le salon des Ambssadeurs.
1936 L’Etat demande à Leuleu l’équipement intérieur d’un prototype d’hydravion : le Cams. C’est une commande tout à fait inhabituelle. Les murs étaient en dilophane
dessinés par Kaskoff.
André Leleu se passionnera pour cette réalisation inédite : les sièges et les tables sont incrustés dans le plancher de l’appareil.
Ces réalisations diverses et variées représentent la maturité de Leleu.
Pour le 27eme salon de la SAD, il expose une salle à manger tout en harmonie beige et orange: table (N°2648) avec dessus de verre gravé d’après un
décor de Kaskoff réalisé par Schwartz, les meubles sont en loupe de noyer du Caucase, tapis de Paule Leleu, siège de table qui sera repris durant plusieurs années.
« L’art Vivant » revue du moment lui rend hommage. Il en est de même dans « Mobilier et Décoration » où Lucien Farnoux Reynaud rappelle la commode présentée
à l’Exposition de 1925 : « Leleu est devenu un des plus connu parmi les décorateurs dont les efforts constituent le mouvement contemporain ».
Cette même année débute une collaboration avec le peintre cartonnier Picart-Ledoux. Jules Leleu contribue à renouveler l’art de la tapisserie et procure du travail
aux lissiers d’Aubusson.
Monsieur Dubonnet lui confie son habitation particulière ainsi que les bureaux d’autres clients dont M. Dintilhac et Mme Vigneron, mère de Michel Foulon
qui n’était autre que la Librairie Hatier.
Il fait pour M Niedzelsky plusieurs meubles dont un classeur à musique. Un bureau et une bibliothèque pour le Conseil d’Etat.
1937 Plusieurs meubles pour le Conseil d’Etat.
La Cie Sud Atlantique lui commande des meubles pour le restaurant privé du Pasteur (bâtiment construit pour remplacer l’Atlantique). Il honore cette commande en collaboration avec Marc Simon (agenceur) avec lequel il va travailler pour les commandes des divers paquebots.
Leleu crée plusieurs meubles pour Harry Bauer.
Il dessine le guéridon élévateur N°2855.
Cette même année, il reçoit la commande du mobilier pour le Recteur de la Sorbonne et ses bureaux. Le nom Sorbonne réapparait également souvent en 1939.
La préfecture des Basses Pyrénées fait également appel à Lui pour son aménagement. Il en est de même pour l’institut dentaire à Paris. Une commode
en galuchat 2866 est réalisée pour une cliente, qui sera rééditée à très peu d’exemplaires.
1938 Il dessine une grande table pour l’exposition qui a lieu cette année là à New York. Un petit meuble d’appui en hauteur portant le N°2873 qui est assorti
à la commande N°2866 de forme galbée rappelant la ligne Louis XV. Il réalise pour l’Ambassade d’Ankara un bureau, une bibliothèque, un divan. Une commode pour le SAD.
Un bureau en pallisandre de Rio pour Ankara N°2975.
Un bureau N°2979 pour la Compagnie des Phosphates de Constantine.
Le livre d’Editions signale plusieurs créations pour Aubant, Brien, Fabry, Bellot…
1940 Jules Leleu a 51 ans. En plus de ses activités de décorateur, il commande une division de la liaison des ministères, l’actuel GLAM, c’est à dire
les avions transportant les hautes personnalités de l’Etat. C’est un poste exceptionnel pour un réserviste.
La passion familiale est décidemment l’aviation.
Les deux fils André et Jean sont mobilisés. André sera fait prisonnier et Jean est envoyé en Afrique.
En 1940 Plaisir de France consacre un article sur Leleu. On peut voir sur la photo Jules avec la manche rayée de quatre galons avec ses deux fils à ses cotés.
Pendant ce temps les femmes de la famille sont très actives. La sœur de Jules « Tante Gabrielle » s’occupe des taches administratives tandis que Julienne son épouse et collaboratrice de toujours assure la réception des clients.
Paule, sa fille qu’il a formée depuis près de 20 ans, assistée d’un collaborateur de talent, Kaskoff (fils d’Amiral russe exilé en France, il restera chez Leleu jusqu’en 1945),
assurent le service atelier de dessin.
L’entente familiale permet à la maison Leleu de survivre.
Avant les hostilités et durant les années 1941 à 1944, Jules organise des réunions avec ses amis décorateurs dont entre autres : Arbus, Adnet, Domin dit Dominque…
un lundi par mois au 2 rue DC, camps atelier de Jules Leleu. Printz ne pouvant malheureusement pas être présent ; Pascaud avait rejoint l’équipe.
Ils se retrouvaient aussi au grand salon des artistes décorateurs.
La famille aimait la musique. Emile Leleu, le père, avait été chef d’orchestre amateur, « tante Gabrielle » passait ses week-end à Pleyel et à Gaveau, leur beau-frère Dufetel avait crée les Jeunesses musicales de France. Jules aime les arts ; les « artistes sont ses amis ». La peinture et la sculpture sont présentes dans sa vie.
Durant cette période sombre il sait entretenir une harmonie réconfortante.
1941 les raffineries d’Hydrocarbure de ST Denis s’adressent à Leleu pour la réalisation de leurs bureaux. Des noms comme Chignol, Bancillon seront des clients qui passeront des commandes durant deux ou trois ans. Le Directeur de l’Opéra commandera un bureau.
1942Une autre famille qui sera fidèle à Leleu : les « Lardillat », fourreur de profession. On aménagera leurs bureaux avec un bureau double, ainsi que leur résidence à St Cloud : dans l’entrée une bibliothèque dans des boiseries s’ouvrant sur un bar.
Boulogne sur Seine demande un projet de construction d’une crèche et garderie d’enfant.
Leleu étudie un projet pour la Blanchisserie Française.
1943 Mme Maria Subes fait de nombreuses commandes à Leleu. Les créations continuent ce qui permet de survivre. M. Aubant, société de production rue Castiglione, confie à Leleu l’aménagement important de ses bureaux. Une personne plus discrète, M.Lacloche est un des fournisseurs de Leleu pour ses bois de placage.
Durant cette période les établissements Devauley à Troyes lui commande un aménagement de bureaux dont un double face, ce qui se faisait assez souvent dans les sociétés.
1944 Année de la libération de Paris. Jules Leleu tient la maison avec son épouse, sa fille Paule, Henri Aguesse (Chef de l’atelier de dessin rentré en 1937 et
qui restera jusqu’en 1963), Marceline Velard (dessinatrice s’occupant des paquebots), Annie Grattepain (dessinatrice qui dirigera par la suite l’atelier de dessin de Neuilly
pour les tissus et tapis), Mme Louis (vendeuse), Paulette Rougeron (secrétaire).
Tous resteront jusqu’à leur retraite.
Le service comptable était tenu par la Tante Gabrielle.
Les clients restent fidèles : le Directeur de l’Opéra commande une banquette de piano. Il fera réaliser différents meubles dont des sièges en tapisserie avec des cartons
de Gernez pour Liebart, Vatin, fabricant de chaussures qui commandera durant de nombreuses années.
Leleu est au Salon d’Automne comme presque chaque année.
Les ateliers de Boulogne su Mer où Jules faisait réaliser certains de ces agencement sont détruits. Le frère de Jules, Marcel, qui tenait ces ateliers, disparait l’année suivante.
Sa femme continue seule l’activité commerciale dans le magasin du 31-33 grande rue et exploite également l’atelier de peinture rue des Pipots. Dans cette même rue,
Pierre-André Dugetel (neveu de Jules) avait son cabinet d’architecture.
Commercialement et administrativement Leleu Paris et Leleu Boulogne sont séparés.
1945 André Leleu rentre de captivité et reprend sa place dans la Maison. Il regroupe les activités dans deux ateliers : l’un au 156 rue de la Croix Nivert et l’autre 1 rue Rondelet.
Les entrepôts sont au 97 Fg St Antoine. En juin 45, La raison sociale est « Société J. Leleu et Cie ».
Le conseil d’Etat commande un bureau.
Le 31eme SAD a lieu au Palais de New York sous la Présidence d’Auguste Perret.
1946 L’activité reprend grâce à des installations importantes au travers desquelles les clients souhaitent montrer leur aisance financière. Bien que les lignes soient existantes, les clients désirent des créations avec incrustations de nacre et d’ébène, des bronzes… Quelques noms que l’on retrouve dans le livre d’éditions : Bancilhon, Rosentalis, Verin, Barokuel…
Le sous-secrétaire d’Etat à L’armement commande une table bureau.
L’état reprenant une politique de soutien des industries de luxe, le Mobilier National entame une collaboration avec Leleu : différents projets dont l’aménagement du Cabinet du Directeur Général des Arts et des Lettres, Jacques Joujard rue St Dominique. Mobilier que l’on a pu admirer lors d’une exposition à Beauvais où le Mobilier National présentait quelques ensembles de sa collection.
De nouvelles commandes pour les Lardillat : une bibliothèque N°3479 et une table bureau N°3478.
Mme Aziz Nader commande un meuble d’appui ouvrant sur un oratoire avec autel et prie Dieu. Sur chaque porte, le chemin de croix où les 14 stations sont
réalisées en marqueterie. Elle commande également un bureau cylindre d’une qualité et d’un décor unique (N°3562)
1947 Cette année voit l’arrivée de Jean Leleu, deuxième fils de Jules, qui choisi de rentrer dans l’affaire familiale. Pour cela il quitte sa carrière militaire d’aviateur, ce qui ne l’empêchera pas de continuer à s’adonner à sa passion de l’aviation avec son frère et son père.
Leur avion personnel leur permet de se rendre sur leurs chantiers à travers la France, notamment ceux des constructions maritimes : St Nazaire, Dunkerque, La Ciotat…
Comme Jean a fait l’école des Beaux Arts c’est en confiance que Jules lui confie la décoration des Paquebots.
Ainsi une équipe familiale voit le jour comprenant le père, les 2 fils et la fille. La société devient la SARL J. LELEU.
Bien sûr Jules reste le fondateur et le créateur d’un style qu’il contrôle et on parle de « Leleu décorateur ».
Des installations importantes ont lieu chez Zustrassen, Azéma (commode N°3541 et 3545) Une table basse est réalisée pour la résidence du Gouverneur de Djibouti.
C’est également l’année de la commande de la salle à manger du Palais de l’Elysée (table N°3041)
Leleu installe également un appartement quai d’Orsay pour M. et Mme Douieb de Lonlay.
Cette commande lui permet de créer des meubles exceptionnels telle que la célèbre commode « Feu d’artifice » assorti d’un petit meuble en hauteur, une paire de
commodes en Galuchat de forme galbée modèle des années 1938, un secrétaire cylindre faisant coiffeuse en palissandre avec motif incrustés de bronze de Debarre,
une table à jeu avec marqueterie, un lit en matière plastique est réalisée pour la chambre de madame.
Pour le Hall, une bergère avec statuettes.
Par la suite ces meubles dispersés seront réunis grâce à un collectionneur qui les achète l’un après l’autre lors des ventes.
les Hauts Fourneaux de Denain comme beaucoup d’industriels du Nord s’adressent à Leleu.
En 1947 Leleu édite une plaquette accompagnant l’exposition annuelle « Un moment de l’art Décoratif contemporain par jules Leleu ».
1948 Une exposition se prépare : « les Arts Ménagers ».
Les décorateurs suivent le mouvement de la reconstruction et notamment dans la redistribution des pièces à vivre. Ainsi le salon et la salle à manger,
autrefois distinctes, sont remplacés par le living room.
Leleu présente donc des meubles plus petit comme un buffet (N°3624) ou encore une table ronde accompagnée de ses sièges. Il cohabite avec un coin
salon où le canapé, les fauteuils et la table basse sont souvent encadrés par deux petits meubles : bar et secrétaire. La conception se veut également moins onéreuse.
C’est également le début de l’aménagement de paquebot et Cargos pétroliers qui durera jusque dans les années 60.
Le bâtiment Ile de France de 1927 est repensé et le grand salon présente désormais une pièce maitresse : un des panneaux en laque de Dunand, intitulé
« la pèche » qui était sur le Paquebot Normandie.
Un grand tapis recouvre le parquet de la piste de danse. Les sièges sont recouvert en tapisserie d’Aubusson d’après un carton de Lelu. Le tapis deviendra
une pièce important de la Mairie du Havre..
Cette même année, Leleu se voit également confier la décoration d’un appartement de luxe ainsi que la décoration du Pétrolier la Baïse.
Dans les jardins de la maison d’André Leleu est aménagée un deuxième atelier de dessin qui existera jusqu’en 1967. Jules installe également son atelier
où il peut laisser libre cours à ses autres passions : la peinture et la sculpture.
L’atelier de dessin abrite 4 dessinatrices sous la direction d’Annie Grattepain qui donne également des cours à l’Ecole Duperré qui est spécialisée dans
les arts graphiques. Cet établissement demandera également à Jules de faire quelques conférences.
Comme chaque année depuis 1946 une exposition se tiendra avenue Franklin Roosevelt sur un thème différent. Y sont présentés les dernières créations
telles que tapis, meubles, luminaires… Les tables sont décorées de nappes de Porthault ou de Noël, les services de tables sont de Jean Luce et de Raynaud,
l’orfèvrerie de Puiforcat et la verrerie de baccarat. Les mises en scènes s’accompagnent de différents tissus assortis le tout mettant en valeur les différentes œuvres.
La maison Leleu invite également des artistes à exposer et à mettre en dépôt leurs créations, comme Mayodon par exemple.
Pour le Salon des Arts Ménagers, Leleu présente une chambre à coucher.
Leleu s’associe à Baccarat et à Porthault pour s’installer à New York à l’adresse du 55 East 57 th Street où il restera jusqu’en 1969, date à laquelle il abandonne
sa représentation aux USA.
1949 Baccarat commande pour son magasin de New York deux table, une rectangulaire, l’autre ronde.
Il aménage également les bureaux de la compagnie des Transports Pétroliers. Avant guerre il avait été confié à Leleu la totalité de la décoration d’un paquebot
pour l’Indochine. Une grande partie sera réalisée par Leleu. Ce bâtiment fut construit à la Ciotat durant la guerre qui a beaucoup ralentit son achèvement.
La construction est reprise ainsi que son aménagement. Les divers ateliers d’ébénistes, de tapisserie, de luminaires ou encore de bronzes avaient exécutés les plans durant la guerre.
Le paquebot n’ayant pas de nom particulier, il est baptisé la Marseillaise.
Cette même année est aussi commandé une partie de la décoration du paquebot Félix Roussel : fumoir, salle à manger, salle de jeux des enfants et
deux appartements de luxe.
La compagnie Générale Transatlantique demande à Leleu une décoration pour un ancien bâtiment allemand, l’Europa, rebaptisé « Liberté ».
Toutes les créations meubles ou tapis sont réalisées spécialement pour le bâtiment auquel elles sont destinées.
1950 Dans le magasin de New York sont présentés quelques modèles ainsi que le catalogue avec prix. Les clients américains profitent souvent de leurs voyages en France pour venir voir les meubles non présentés à NY comme c’est le cas par exemple pour M. Fusch.
M. Tunzini, qui a une grosse entreprise de chauffage, confie à Leleu la décoration de sa demeure de Versailles.
Un Iranien, M. Abib Sabet confie à Leleu la réalisation du mobilier de son appartement de New York. Un ensemble en palisandre incrusté de nacre et d’ébène est réalisé.
L’atelier de L’avenue Franklin Roosevelt est très occupé ; les clients privés comme M Graetz du monde du cinéma, ou encore des clients du monde de la féraille :
M. Champredonde, ainsi que l’aménagement des paquebots (le Général Leclerc, le Maréchal Joffre, le Batiment des messageries maritimes) s’associent aux clients
habituels comme Messieurs Bancilhon ou Robert pour augmenter l’activité de l’atelier.
Plus que jamais Leleu fait confiance aux artisans d’art et à leur savoir-faire pour ces réalisations.
Une vitrine est exécutée pour le magasin de New York.
Le ministre de l’armée de l’Air, Boulevard Victor à Paris, demande à Leleu l’aménagement de la résidence du Ministre : salon, salle à manger, chambres…
1951 André Leleu remplace les deux ateliers installés en 1945 par un autre situé au 10 rue de Toul.
L’atelier de la rue Croix Nivert sera vendu à Muller (spécialisé dans les agencements), celui de la rue Rondelet deviendra un atelier de tapisserie pour rideaux et sièges.
Les employés de ces deux ateliers étaient des employés de la Maison Leleu, tandis que rue de Toul Leleu prend une participation dans la société Thévenin, Fort et Maillé
(TFM) pour sa commodité d’utilsation d’outillage perfectionné dont l’acquisition n’aurait pas été rentable.
Jules et André connaissent parfaitement les bois. Ils choisissent personnellement les billes dans lesquelles sont réaliser les meubles. Les marchands de bois de l’époque
(Marcel Miguet, Lacloche, Georges, Charles Mercier, Maréchaux…) leurs laissent choisir la meilleure partie du tronc.
Le Faubourg est à cette époque renommé pour le tranchage des placages qui est reconnu comme une spécialité parisienne.
La Maison du Champagne à Epernay commande un décor qui doit être réalisé en corrélation avec son activité : sur les murs des peintures en rapport avec la vigne,
un grand bar est dessiné. La direction de ce chantier est confié à M. Chayoux lui-même dans la production de champagne.
Le décor est resté dans son état d’origine.
Les Américains sont en France. Le S.H.A.P.E s’installe à Marnes-La-Coquette. Le Mobilier National est chargé de l’aménagement de la résidence du Président Eisenhower.
Les meubles devant est livré rapidement, il est demandé à Leleu d’y pourvoir en puisant dans son stock.
Mamy, L’épouse du Général, vient choisir en personne ses meubles avenue Franklin Roosevelt.
Une nouvelle installation est faite avenue Marceau pour M. Xylar, qui sera suivie par une commande de M Fagado.
Un des premiers clients de Leleu : M Zaldumbide, étant nommé ambassadeur à Londres demande l’aménagement de sa salle à manger en tenant compte d’un piétement
réalisé initialement par Ruhlmann.
Pour la république du Guatemala (par l’intermédiaire des Affaires Etrangères) seront dessinés une table, un petit bureau et un chiffonnier.
Mme Douzille, qui possède un très grand appartement au Champ de Mars, charge Leleu de la décoration. Celle-ci proposera un mobilier à décor de nacre et d’ébène.
De très grand tapis seront également réalisés. Cette cliente restera fidèle durant des années.
1952 La Compagnie Générale Transatlantique commande le décor de certaines pièces du paquebot Antilles, dont le grand salon.
Comme chaque année depuis 1948, Leleu prépare pour juin l’exposition qui permettra d’admirer la nouvelle collection de meubles, sièges, luminaires, tapis, tissus…
La première avait pour thème les Arts d’Asie, puis ce sera en 1950 les sculptures du Soudan, suivit en 51 par l’Art et la Fleur.
cette année met l’Afrique Noire à l’honneur.
M et Mme Guédon, qui ont un hotel particulier dans le 16ème (rue des belles feuilles) commandent quelques pièces. Pour eux sont réalisées des décorations uniques
sur des pièces existantes comme le buffet galbé 4 portes tiré de la commode galbé de 1938.
Quelques années plus tard M. Guédon s’adressera de nouveau à Leleu pour la décoration des Laboratoires Roussel.
C’est désormais André qui assure la responsabilité du département décoration.
Jean a en charge les paquebots. Cette même année 3 paquebots sont a aménager : le Tahitien, le Pierre Loti et le Cambodge pour lequel on dénombre respectivement
76, 80 et 86 créations dans le livre d’éditions. C’est un travail important car pour chaque bâtiment sont réalisés des décors spécifiques.
Emilie Tillier Rolin, dans le catalogue raisonné « Mobilier Leleu » sur les paquebots 1935-1962 pour son mémoire de maitrise, sous la direction de M. Bruno Foucart, en fait état.
Pour la société Pantrot-Bonnet, un bureau double est réalisé.
M.Angenieux (qui depuis 1935 est un spécialiste mondial reconnu des optiques à haute performance) confie à Leleu l’aménagement de son appartement rue d’Assas
.Plus tard il lui demandera également d’aménager ses bureaux.
Mme Jutheau s’installe dans un grand appartement près du Trocadéro et demande à André Leleu de s’occuper de sa décoration.Ce sont des pièces classiques :
salle à manger, chambre, bibliothèque… et la chambre d’une de ses filles. Le thème est le papillon et celui-ci orne les tissus en percale des murs ainsi que les
sièges sans oublier le dessus du guéridon et du bureau qui sont réalisé en dilophnane.
1953 Des clients toujours fidèles commandent des pièces pour compléter leurs installations : Caillard, Renaudin, Boyer, Chatignoux, Troudet…
La délégation à Berne s’adresse à Leleu pour sa décoration.
Au salon des Arts Ménagers on peut admirer un canapé cintré, un petit fauteuil confortable, une table basse, un lampadaire, des tapis…
Une table de salle à manger ainsi qu’un buffet sont livrés au Prince Bu-Loc.
1954 Messieurs Michel et Jean Foulon, clients depuis longtemps pour leurs appartements, demande à Leleu l’aménagement de la Librairie Hatier dont ils sont propriétaires.
La SNCF a le projet de mettre en service un train pour les voyages présidentiels, l’avion n’étant pas encore un moyen de transport courant. C’est le Président René Coty
qui fera l’inauguration de ce wagon représentatif des métiers d’arts français que ce soit l’ébénisterie ou encore la laque en passant par la tapisserie.
Ce wagon est conservé au Musée de la Compagnie des Chemins de Fer à Mulhouse. Nombreux étaient ceux qui ont pu l’admirer il y a quelques années lors d’une
exposition sur les Champs Elysées.
M. Et Mme Dervaux, propriétaire d’un très bel appartement avenue du Maréchal Maunoury avec vue sur le bois de Boulogne, s’adresse à Leleu pour sa décoration.
Ils désirent ce qu’il y a de plus raffiné et Leleu se dépasse en créant deux meubles en écaille de tortue, une commode en marquéterie de point de nacre dont les
portes de séparation s’ornent de laque de Pierre Dunand (fils de Jean).Les tissus en soie naturelle, les tapisseries d’Aubusson des sièges sont tirés des cartons de Paule Leleu.
La très belle terrasse est réalisée par Luc-Lanel qui décore également la cuisine.
André, secondé par Jules et Paule, s’assure personnellement que chaque détail du chantier est réalisé à la perfection. Alors que Jean est en charge des paquebots…
La saga Leleu porte bien sont nom.
1955 M. Frilet fait la connaissance de Leleu. Son style lui plait et il deviendra amateur et collectionneur jusqu’à sa mort en 2005.
Leleu installe un premier appartement, puis un second de 300 m² avenue Foch, ainsi que les bureaux rue Lincoln.
En 1960, il commande une salle à manger inspirée du style Louis XVI avec un dessus de table en glace gravée décoré par Vince. Les tapisseries sont de Lurçat, les lustres
et appliques de Baccarat, les tapis de Paule ; l’ensemble dans des harmonies de rouge et bleu.
Lorsqu’il quittera l’appartement la République de Finlande s’en portera acquéreur.
Cette même année, M.Hini ayant un appartement à Neuilly avec vue sur le bois, s’adresse à André. La salle à manger s’orne de laque noire aux motifs gravés à l’or,
le lustre est de baccarat. Il est aussi réalisée une petite coiffeuse rognon (portant le N° 4813) portant des incrustations de nacre. Le hall s’enrichit de deux très belle
commodes en galuchat des années 38 avec un très grand tapis, il s’ouvre sur le grand salon avec un coin confortable et un coin bridge pour lesquels sont réalisés
deux très beaux meubles en laque brune de Saïn et Tambuté) à motifs gravés d’or et d’un grand tapis. Leleu réalise également la décoration du petit salon, de la bibliothèque
bureau et d’une chambre.
Pour la bibliothèque de Mme Jutheau, Leleu dessinera une canapé confortable qui abrite dans ses manchettes un porte revues. Pour le grand salon une cheminée,
pour la salle à manger un buffet et divers autres meubles.
Quelques noms pour lesquels seront faites des créations : Trondet, Caillard, Bougard, Boyer, Renondin, Massan (à la Martinique), Vatin ou encore Demarne.
La délégation du Japon à Berne fait appel à Leleu.
M. Pigozzi de la Sté Fiat demande un plan d’implantation de ses salons.
1956 Les piètements en métal apparaissent sur les meubles.
Les Editions Hatier (BD Raspail) spécialisées dans les ouvrages scolaires et à destination du jeune public, demande à leleu de redécorer son magasin. La façade de
la librairie reste dans la tradition de la maison : courblanchien et marbre vert de mer. Le mobilier intérieur est sobre et fonctionnel.
Des meubles s’envolent pour Montréal commandés par la famille Shonela-Rauvar. Cette famille a conservé ce mobilier.
Quelques noms du livre d’éditions : Fernet, Mugnier, Charlet, Edron, Schlosser.
Pour Roussel, André en collaboration avec Mayodon, dessine 2 cendriers réalisés en céramique et portant l’éphigie du Laboratoire.
1957 M. Guédon, PDG des laboratoires Roussel confie l’aménagement de son immeuble de bureaux entre la rue de Babylone et le Bd des Invalides
(il deviendra l’immeuble du Conseil Régional d’Ile de France qui changera le mobilier mais conservera en revanche l’architecture et la décoration dans son état d’origine).
Il est réalisé le décor des salles de conférences, de commissions, un bar au dernier étage avec vue sur Paris
Le Mobilier National commande quelques meubles pour une ambassade
M. Malet qui possède une propriété sur les bords de la Garonne commande des meubles en laque avec piétement métal.
M. Lazar souhaite de belles pièces pour son appartement et notamment les chambres d’enfant.
Cette année là, un gros industriel de l’Amérique Latine fait l’acquisition de la propriété Médy Roc au Cap d’Antibes, magnifique maison dans un parc à la végétation luxuriante.
La décoration intérieure est restée en l’état jusqu’à nos jours et sert régulièrement de décor pour des tournages de films : meubles marquetés de points de nacre,
meubles en laque avec piétement en métal, une grande tapisserie de Camille Hilaire intitulée « le jardin », de grands tapis de Paule, des sièges confortables et semi confortables.
A Bruxelles s’ouvre l’Exposition Universelle où Leleu expose un bar en noyer avec piétement métal.
En juin, comme chaque année, Leleu présente les dernières créations ainsi que des panneaux décoratifs réalisés par Cavaillès, Chaplain-Midy, Hilaire, Picart le Doux et Souverbie.
1958 Comme chaque année l’exposition annuelle à lieu avec pour thème l’art japonais. 14 meubles sont réalisés.
M. Clapin commande un bureau avec un piétement métal pour la maison qui portera le nom de « bureau Clapin » ce qui permettra de le distinguer des bureaux classiques à caissons.
L’ère des bureaux commencent.
La société MAREP, compagnie pétrolière, commande la décoration du paquebot France. L’étude est commencée et 3 pièces sont attribuées à Leleu : la bibliothèque qui comportera
unemagnifique bibliothèque ronde en laque bleue qui restera en place jusqu’à la fin des l’exploitation du paquebot ; le salon de lecture etd’écriture etle salon de bridge.
M Habib Bourguiba, Président de la République Dominicaine, faitagrandir et réaménager une grande demeure situé à Carthage dont il fait le palais présidentiel. O.C. Cacoub,
premier Grand Prix de Rome en fut l’architecte.
Leleu se voit confier la décoration de la chambre de Mme Bourguiba et celle du président qui seront respectivement décoré avec des meubles en style Louis XVI et avec
des meubles en galuchat.
Il est également chargé de la salle à manger où il crée une table avec dessus en dalle de verre de 6m75 sur 1m40 décoré par Elax Tugrand.
Le tapis imposant sera réalisé en 17 morceaux.
M Henri Roussel commande sa chambre à coucher en laque brune et cuir blanc.
L’Ambassade de Camberra commande la décoration de la chambre de l’Ambassadeur ainsi que 6 autres chambres, un bureau et une bibliothèque.
Leleu doitégalement aménager le carré des officiers d’un cargo.
1959 Pour M Hersant, il est réalisé des meubles importants dont un grand buffet en laque verte et gris perle en harmonie avec les couleurs de la tapisserie de Lurçat
qui a été réalisée à la demande du client. Pour compléter l’ensemble, un grand tapis est tissé.
Pour l’exposition du mois de juin, 8 pièces sont dessinés.
Leleu livre 30 meubles pour le pétrolier d’Artagnan.
M Lindemann souhaitant des sièges avec un forme plus ronde, André lui dessine un canapé qui portera son nom. Le piètement est recouvert d’un tissu
élastique « Ormavyl » s’adaptant exactement à la forme du meuble. (Cetissu sera adapté parCitroën pour la DS).
Ce procédé sera repris et décliné en différents coloris pour recouvrir les sièges du Paquebot France.
M Frish, client américain, commande une salle à manger.
Pour M Olaizola il est crée un bar roulant qui lorsque ses portes sont fermées resemble à un meuble classique.
Pour M Cahané désirant un petit bureau discret à destination de sa chambre, est réalisé un petit bureau avecun piètement métal dans le style de celui du
SICOB de 59 avec un plateau en verre.
Récemment, ce meuble a atteind des reccords dans une vente (Cf laquelle et montant)
M Kozik, client d’Europe centrale, s’adresse à Leleu pour son appartement de l’avenue Victor Hugo. Leleu réalise un bureau rappelant celui de M Cahané
par son piètement métal mais avec un plateau en ébénisterie, ainsi qu’un petit meuble à cigares en palissandre dont la porte est ornée de marquéterie de nacreet d’ébéne.
La banque BNCI commande le bureau de son PDG.
Lecomte de Dampierre commande un petit meuble bar en écaille de 0,80 m sur 1,30 m avec un piétement entièrement en métal.
1960 M Derval (Directeur des Folies Bergères) commande pour son yatch une commode secrétaire et un guéridon en bouleau de Norvège orné de marquéterie
restangulaire en nacre et ébéne.
Cette année là voit la réalisation du palais de Carthage en Tunisie.
M Charlet fils nous commande la salle à manger de son appartement Bd Suchet : buffet 4 portes en palissandre incrusté de nacre etd’ébéne, table ovale et console.
M Citron de New York commande une grande bibliothèque, un bar en noyer avec marquéterie. Pour compléter cet ensemble, des appliques leleu assorties
au lustre Baccarat sont réalisées.
Plusieurs sièges à piètement métal dont ceux pour le paquebot France sont dessinés.
25 pièces sont faites pour le Pétrolier Loire, appartement du commandant.
L’exposition annuelle présente un nouveau lit capitonné.
M Eyselé confie à Leleu la décoration de sa chambre.
M et Mme Frilet, anthousiasmés par la décoration précédente de Leleu , commande sa salle à manger ; Style classique matiné de louis XVI, une très belle
tapisserie de Lurçat dans les tons bordeaux et bleu. Table de salle à manger à plateau de glace décoré par Vince en harmonie avec les tons de la tapisserie.
Le lustre rectangulaire dessiné par Leleu et réalisé par Baccarat avec perles bordeaux et bleues. Tapis dans le même esprit.
C’est également l’année qui voit l’ouverture du premier salon SICOB au CNIT de la Défense (dans la banlieue parisienne). Ce salon, qui se déroule en octobre,
réunit toutes les maisons ayant plus ou moins un rapport avec l’aménagement de bureaux ; des décorateurs de renom en passant par les compagnies pétrolières
sans oublier les sociétés informatique comme IBM ou Bull. Chacun présente du matériel informatique, des fournitures de bureaux, du mobilier…
Sur le stand de la Maison Leleu on admire un bureau à piétement très futuriste pour l’époque, une bibliothèque, des sièges, des lampadaires.
Plusieurs modèles de béquilles et de plaques de propriété sont dessinées pour les diverses installations.
L’installation du paquebot France continue et s’enrichit de 25 modèles à piétement métal, laque et verre à destination du salon de lecture ou d’écriture, de
la bibliothèque, du salon de bridge…)
P.G Woog, Suisse habitant Genève et inventeur de la brosse à dent électrique, s’adresse a Leleu pour redécorer son appartement dans un style moderne.
Mobilier et Décoration édite une plaquette consacré à cette décoration qu’il intitulera : « L’appartement d’un inventeur ». Y sont représentés 12 modèles
dont une table en forme de fer à repasser tenant sur un pivot scellé dans le marbre, une fontaine à whisky dans l’entrée, un meuble sur roulettes invisibles
formant meuble d’appui bas et cachant un bar… Tous ces meubles intégrent des laques, du métal et parfois du verre.
M. Hetzel, grand collectionneur de livre, commande une table basse console.
Pour M Le Vaux, il est réalisé une grande table bureau et son meuble d’appui, un bar et des fauteuils.
1961 Le Président du Gouvernement Tunisien , M Habib Bourguiba commande la décoration de la Villa de Skanes que son fils doit occuper.
Des meubles en laque, métal et verre sont réalisés pour la salle à manger et les chambres dans un style très différent de celui du Palais de Carthage.
Un des fils de M. Sabet, client pour qui Leleu a déjà travaillé à New York, lui demande l’aménagement de son appartement de Genève. Une douzaine de
pièces sont réalisées en laque et piétement métal.
Au Sicob de cette année, la taille du stand permet de présenter 2 grand aménagements : un bureau de PDG avec coin salon dans l’esprit du mobilier de
M. Woog et un bureau de Directeur dans un style plus conventionnel.
Quelques commandes des fidèles clients tels que Messieurs Lespinasse, Frilet, Hersant sans oublier Charlet, Renaudin ou encore Vatin.
La mode est meuble en « Sweet Calf » agrémenté de piétement métal et de plateau en dalle de verre.
M. Abou confie à Leleu la décoration de son appartement. André Leleu redessine une piétement plus léger à la table guéridon avec un fut central
élévateur qu’il avait précedemment conçu. M Abou est enchanté de cet ingénieux guéridon qui permet avec ses allonges de convier 12 personnes.
M. Bazaine, publiciste, est séduit par le bureau Sicob. Il en commande un similaire mais avec un plateau en laque et demande à Leleu d’aménager son bureau.
Juillet voit Jules disparaître dans un accident.
La direction de la maison de change pas et déjà l’on parle de « Leleu » sans prénom.
La clientèle particulière est pllus rare.
Le paquebot France est lancé et cela fait comprendre à Leleu que l’avenir de la maison est dans la décoration des sociétés.
1962 Jean Leleu, architecte, ayant en charge l’atelier de dessin, prend la direction du secteur « Aménagement des Bureaux ».
Leleu édite une plaquette pour séduire les chefs d’entreprise qu’il intitule : « les deux tiers de votre vie se passent dans votre bureau ».
Mobilier et Décoration, dans son numéro mensuel, consacre un article sur Leleu (présentant des photos commentées en français et en anglais)
intitulé : « Le bureau de Directeur cadre du travail intellectuel ».
L’ambassadeur du Japon commande la salle à manger de sa résidence avenue Foch. Il sera un fidèle client de la Maison Leleu et lorsqu’il
quittera la France il achétera tous ses tissus au magasin.
La Chambre de Commerce de Dunkerque confie l’ensemble la décoration de son immeuble à Leleu.
Maître Bompris s’adresse à Leleu pour décorer son appartement particulier. Leleu qui crée la décoration de chaque appartement, dessine les
meubles appropriés ; des caches-radiateurs en passant par les luminaires. Un magnifique meuble en laque pour le lliving room et du mobilier
en cuir et laque pour la chambre sont réalisés pour Maître Bompris. Ce dernier ravi, confie à Leleu l’aménagement de ses bureaux.
La Compagnie Française des Pétroles demande à Leleu d’aménager l’ensemble de ses bureaux et salles de réunion.
Au Sicob de cette année Leleu présente un ensemble en wongui, bahut bas, bureau à double plateau avec dalle de verre, une table ronde
pouvant faire table de conseil pour 12 ou 16 personnes, ainsi qu’une table basse pour le coin conversation.
Cette année là commence une série d’aménagement pour les facultés et les universités. Leleu en aménagera un grand nombre dans toute la France.
La faculté de Médecine de Strasbourg, un batîment de 5 étages, est la première.
La configuration est souvent la même : les bureaux des doyens, recteurs et directeurs sont installés avec des créations Leleu. Le reste
des batiments est meublé de mobilier de série avec une note décorative.
Une grande table de réunion est dessinée. Elle sera utilisée pour équiper la Société Pont à Mousson – Ascinter, BIC.
L’Hotel de ville d’Arcachon commande le bureau du maire ainsi que la table de son conseil.
En paralléle la décoration d’appartement est toujours d’actualité : Leleu décore la résidence de M et Mme Kerme à Imling en Alsace, ou
encore les clients parisiens comme Choplin, Garoche, Ravenet, Demarne, Chatignoux, Leydenbach.
Mais Leleu est aussi une maison internationale, ainsi M Hirschler de New York commande du mobilier en palissandre avec incrustaions de
nacre et d’ébène afin d’aménager son appartement avec vue sur Central Park. M Ezekiel Schonela de Montréal commande également plusieurs
pièces d’ameublement, M Leydenbach, luxembourgeois, commande son bureau…
Toutes ses installations demandent des créations.
Notamment le cadeau que M Ernest Tunzini désire faire à M Carlu (Architecte du trocadéro) : un fauteuil de bureau tournant réalisé sur mesure.
Quelques noms relevés sur le livre d’éditions : Sclosser, Chatignoux, La Banque de l’Union Parisienne…
Comme tous les ans, des meubles sont créés pour l’exposition.
1963 M et Mme Haas, dont l’appartement est à coté de celui de Le Corbusier, demande à Leleu d’aménager celui-ci. La décoration se singularisera
par une grande recherche dans la composition et le mobilier en laque bleue : une table de salle à manger ronde, un argentier, un meuble haut à
multiples usages, un canapé, une table basse… les piétements métal seront à lames et non rond.
La Compagnie Française des Pétroles figure dans le livre.
Les comandes de bureaux sont nombreuses ; la SPLSE, la SAGERA, la Société des caves et producteurs de Roquefort…
Le SICOB de 1963 présente plusieurs créations de Leleu.
Leleu travaille également pour le CNET.
M Schmitt, Président de la Société Française des matières colorantes confie à Leleu la décoration de son grand appartement du Boulevard Suchet.
Il renouvelle sa confiance à Leleu qui avait précédemment installé son appartement avenue Paul Doumer. Cette fois-ci Leleu lui livre des meubles
en laque et surtout un petit meuble d’appui en écaille de tortue, joyau de l’appartement.
La Banque Industrielle et Commerciale (BTC) commande à Leleu la décoration de son agence.
Calberson commande une table de conférence.
La Raffinerie du Souffre à Marseille, ayant vu le mobilier du SICOB, demande à Leleu qu’il aménage leur bureau.
Quelques noms relevés dans le livre d’édition : la BNCT, l’Artisanat de la Maison de Tunisie aux Champs Elysées, Mme Rochette, Le Dr Lebrun,
la SPLSE, FNIE, La société des Ivoiriennes de raffinage…
Le Directeur de la chaine des hotels Hilton, M Vaturi commande un fauteuil tournant.
1964 Cette année est créée la Société B.E.J.A.L : Bureau d’Etude Jean et André Leleu qui permait plus facilement la soumission aux divers
marchés et projets.
L’aménagement des facultés continue à des échelons différents : faculté des sciences de Reims, Aix en Provence, de Droit de Bordeaux,
Caen, Clermont Ferrand, Dijon, Montpellier, Rennes, Poitiers…
Le « Méthanier Jules Verne » est à aménager et il est demandé à Leleu de s’en charger. La décoration, si elle n’a pas le luxe d’un paquebot,
est cependant d’un style de vie agréable. 35 créations sont réalisées.
La Préfécture de L’Isère, La SIIA, Le Ministère de l’Air, la Générale Alimentaire, La CEGEDUR (par M Hormus son président et ami de Leleu),
sont tant de sociétés prestigieuses qui font appel à la Maison Leleu.
M Hirschler de New York continue d’aménager son appartement, tandis que la Populaire Vie commande le bureau de son Président ainsi que
la salle de conférence et la salle d’attente.
1965 Le Musée du Louvre, dont Pierre Verlet est conservateur, ouvre une porte à Leleu en lui demandant de dessiner des banquettes et
des poufs carrés.
L’esprit créatif de Jules est toujours présent à travers les créations des ses enfants dont le bureau d’étude est occupé par la préparation
du SICOB.
La ville de Beauvais veut donner à sa mairie une décoration plus dans le goût du moment tout en respectant les traditions.
Elle fait naturellement appel à Leleu qui a toujours su marrier les deux. Ainsi la décoration s’ornera à la fois de tapissseries du 17 et 18eme
(une partie restant dans son cadre d’origine) et du mobilier Leleu très à la mode des années 60.
Cette même année Leleu se voit confier la décoration du cabinet d’assurances Faugère et Jutheau, rue de la Ville l’Evèque.
Le livre de Viviane Jutheau confirme la fidélité et l’amour que cette famille porte aux créations Leleu.
M Foulon reste fidèle à Leleu et continue à lui commander des meubles pour la librairie.
La société Genvrain commande quelques meubles.
Parmi tous les aménagements de bureaux, quelques clients comme Messieurs Bogdan, Capdeville, Choplin, Naud…
font revivre à la Maison sa vocation première : la décoration d’appartement à vivre.
1966 La CRICA fait appel à Leleu pour ses bureaux et sa salle de conseil. Les meubles créés pour ses diverses intallations
sont tirés de modèles existants avec des dimensions différentes et des matériaux propres à l’usage intensif des bureaux.
Des variantes apparaissent cependant dans les piétements bois ou métal.
Beaucoup de facultés dans toutes la France continuent à se tourner vers Leleu qui finalise en paralléle les installations des
facultés de Médecine à Reims, des sciences à Marseille, de lettres de Montpellier, de Droit à Bordeaux-Pessac…
La Cie Séquanaise commande quelques pièces.
Au SICOB de 1966, Leleu présente un bureau qui grace à ses rallonges se transforme en table de conférence pour 6 personnes.
Les départements des Tapis et des tissus continuent leurs activités grace à des représentants qui sillonnent la France.
La collection est bien différente de celle des débuts en 48-50. Ainsi elle évoluera jusque dans les années 70. En 1972
il sera dessinés tissus et papiers peints assortis pour la décoration des tentes du camp du drap d’or à Persepolis (Iran) en 1972.
En juin, le salon des « Décorateurs français » s’organise autour du pavillon Ledoux. Avant les travaux du périphérique
un terrain libre près de la porte maillot permet d’organiser l’exposition où un pavillon est construit avec à l’intérieur des boiseries
rappelant les 5 parties du monde. Leleu de la SAD (Sté des artistes décorateurs) est l’invité privilégié des décorateurs français,
parmis des grands noms de la profession qui ont également un stand tel que Jansen, Barroux, Carlhiers, Mercier ou encore samuel.
Leleu présente un mobilier en laque bleu avec tapis et tapisserie coordonnés. L’exposition est un succés.
1967 Leleu lui dessine quelques meubles pour M Lespinasse qui redécore son bureau personnel au sein de la Sté Banania.
Le Palais des Congrés de Versailles (place d’Armes à gauche du Château) doit être installé dans un délai très court et un budget
relativement serré. S’il n’est pas question de faire du mobilier d’ébénisterie il n’en reste pas moins que Leleu grace à son expérience
du mobilier de bureau, est à même de proposer un décor personnalisé aux dimensions souhaitées alliant qualité et modernité.
31 dessins sont répertoriés dans le livre d’éditions.
Le salon de conversation, qui s’apparente à une grande galerie, est décorée de panneaux de peinture de Chaplain Midy.
Cette année au SICOB, Leleu présente un bureau de ligne très sobre.
La société Dunlop s’adresse à lui pour le bureau de son Président. Ce dernier le conservera durant toute sa carrière.
La Société Générale, qui avait déjà fait confiance à Leleu par le passé, s’adresse de nouveau à lui pour aménager le bureau de
son nouveau directeur, Monsieur Maurice Lauré, tout en conservant le mobilier existant. Il en sera de même pour l’installation de la grande salle à manger.
Le Port autonome s’adresse à Leleu pour l’installation de sa salle de conférence avec micros et hauts-parleurs intégrés.
Le livre d’édition montre également quelques commandes pour la Mutuelle des Instituteurs, le Groupement Fonciers Français…
Une cliente fera même appel à Leleu pour qu’il lui recherche une grande villa en banlieue.
Une nouvelle association voit le jour sous la forme d’une société : la L.D.D (Leleu-Deshays Décorateurs). L’architecte DPLG, grand
prix de Rome, fait appel à eux pour l’aménagement de l’Hotel Africa à Tunis.
Toujours fidèle, M Edward Schonela de Montréal commande quelques meubles.
Des grandes sociétés s’adressent ) Leleu : La Société Bancaire et Financière pour ses bureaux, la SPLSE à Fos sur Mer, la SNECMA…
1968 L’activité de la Maison est désormais casiment consacrée à l’aménagement de bureaux, soit pour des sociétés, soit pour des administrations.
Au SICOB de cette année, Leleu présente un table de conférence avecplateau en laque noir et piétement plein plaqué de feuille d’aluminium
ourni par la Cégedur. Cette table ira après le salon dans la salle de conférence au deuxième étage de l’avenue F. Roosevelt.
Les sièges seront sur roulettes ou sur patins avec une assise garnie de tissus de Placide Jobiet, grand spécialiste de textile agréé.
La préfecture de la Seine commande un canapé accompagné de ses fauteuils et chaises.
M Louis Assemat, banquier confie à Leleu l’ameublement de sa salle à manger et de son salon.
La librairie Hachette commande pour son siège sociale un meuble banque.
1969 Le livre d’édition montre quelques grands noms de sociétés : la Cidrerie du Calvados, Genvrain, la Cotonnière d’Alsace…
Leleu décore le bureau du Président du Conseil Général du Loiret.
Il se voit également confier l’aménagement du Tribunal d’Orléans pour lequel il sera réalisé 35 pièces répertoriées sur le livre d’édition.
Leleu présente au SICOB un bureau PDG en matière plastique dessiné par Calka dont le siège incorporé est un siège de pilote. Un ouverture
sur le coté permet de mettre une télévision.
C’est le début de l’Informatique dans les bureaux.
Ce bureau est le point d’attraction du salon et quelques années plus tard à l’Institut des sciences de la Villette, il aura sa photo dans leur présentation.
Il n’en fut vendu que 3ou 4 exemplaires.
Des sièges coordonnés sont créés :
des fauteuils visiteurs dont la coquille est en plastique, ainsi que des poufs dit « pouf mandarine » qui doivent leur nom à la couleur de leur cuir.
1970 La Société Générale demande à Leleu d’aménager le bureau du Président d’honneur. Celui-ci choisit le bureau dernier modèle de
la Maison présenté au 1er étage de l’immeuble de l’av. Franklin Roosevelt.
La société Jansen, célébre maison de Décorateurs rue Royale, s’adresse à Leleu pour la réalisation d’un projet d’envergure qu’elle ne
peut réaliser seule. Une réunion entre André et Pierre Delbie (le PDG) est organisée.
Leleu et Jansen avait déjà travaillé de concert avec Pierre Deshays à la décoration du Palais du Président Bouguiba à Carthage.
Cette fois-ci il sagit de réaliser les futurs fêtes de Persépolis.
Cette collaboration Leleu-Jansen est si fructueuse qu’elle donne naissance à la fusion de ses deux grands noms de la décoration française.
Le SICOB présente le bureau Calka dessiné pour Leleu avec quelques perfectionnement, ainsi qu’un canapé et une table basse qui sont créés dans le même style.
Par ses relations Jean Leleu apporte à la société l’aménagement des bureaux du Préfet de L’Indre à Chateauroux.
L’exposition de cette année avenue F. Roosevelt à pour thème : « les bureaux depuis l’époque Louis XIV ».
1971 Les travaux de Persepolis avancent à grands pas. L’entreprise est colossale et il faut pour les deux maisons convertir 64 hectares
(soit 4,5 fois la place de la concorde) aux pieds même des ruines de Persepolis, à l’endroit où Cyrus fonda l’empire Perse.
L’idée est de construire un camp du Drap d’Or moderne sous la direction de l’architecte M Fouroughi.
1972 La Maison Leleu se consacre entièrement au projet Persepolis. L’atelier de dessin a comme mission la création des tissus et
papiers peints pour le décor des tentes. Le thème est « les 5 parties du Monde » et 10 tentes sont à installer. Chaque tente est un appartement
avec living room, chambre pour madame et chambre pour monsieur avec salle de bains et penderie, cuisine et appartement des domestiques.
Dans le Faubourg Saint Antoine l’activité est fiévreuse.
1973 L’ère du Design et les goûts modernes s’accordent mal avec le souci du détail et les meubles d’ébénisterie de Leleu.
André tente en 1970 de sauver la Maison Jansen mais sans y parvenir. La Maison Leleu-Jansen ferme définitvement ses portes en 1973.
C’est la fin d’une des plus grandes maisons de décoration française du XXeme siècle.
Jean et André continueront leurs activités en tant que décorateurs conseil pendant quelques années.
André se verra confier l’aménagement de la résidence à Yamoussoukro du Président Félix Houphouet Bouagny en 1978.
Jean de son coté aménagera entre autre la Mairie de la ville du Havre.