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garniture capitonnee
La garniture capitonnée
Lorsque en tapisserie l’on pense garniture compliquée, bien souvent le capiton arrive en premier. Le capiton demande au tapissier d'ameublement un travail minutieux sur son mobilier afin d’obtenir des capitons réguliers mais également une bonne maîtrise de la tapisserie afin d’obtenir des capitons fermes. C’est cette densité qui rend le capitonnage esthétique mais guère confortable il faut bien le reconnaitre.
Il ne faut pas confondre "capitonné" et "boutonné". Le boutonnage est une forme très proche du capiton mais son dessin et sa profondeur ne sont réalisé que grâce au bouton qui est tiré par l'arrière. il n'y a pas de profondeur réel. Si l'on enlève les boutons, la surface redevient plane.
Il n'en est pas de même pour le capiton. Sa forme et sa profondeur sont calculées précisément et même sans boutons les "creux" et les "pleins" existent.
Fauteuil années 30 au dossier capitonné peu profond Douillette capitonnée
Le mot capiton que l’on voit apparaitre sous la Régence, est au début employé essentiellement pour des coussins, puis pour des garnitures boutonnées. Sous le Second Empire, la garniture capitonnée connaîtra son apogée et sera déclinée, outre sa forme traditionnelle en losange, en carré, voire en rectangle…Comme le velours se prête bien au capiton, il sera très souvent employé sous Napoleon III, principalement en rouge mais également en bleu soutenu.
Il est nécessaire de commencer en réalisant une cuvette profonde. Une cuvette comme son nom l'indique est une forme dont les bords remontent en formant une cuvette.
La cuvette : masse de crin également piquée afin de lui donner la forme d’une cuvette, c'est-à-dire creuse, dans le but de maintenir un coussin ou un capiton.
Elle peut être ronde mais également ovale, carrée ou rectangulaire car elle suit la forme à capitonner, dossier ou assise. Le bourrelet de la cuvette doit être bien creusé afin de permettre au bouton de tirer les capitons sur les bords de la garniture, le plus profondément possible.
Il est possible de donner plusieurs formes aux capitons : en losange, en carré ou en étoile (en partant d’un point central). Ensuite il faut déterminer la profondeur des capitons puisque c’est en fonction de celle-ci que l’on détermine l’ampleur.
Il n’existe pas pour un tapissier de règle concernant le nombre et l’ampleur des capitons car ceux-ci dépendent des dimensions du siège et de sa forme. Il est donc important de bien préparer son traçage afin d’obtenir la garniture capitonnée la plus équilibrée. Nous pouvons toutefois nous appuyer sur des points logiques : le bouton des capitons du bord doit se situer à environ 3 à 3,5 cm du bord (c'est-à-dire à l’aplomb du fond de la cuvette) afin de pouvoir descendre dans la garniture. Il doit également logiquement se situer à un demi-capiton du bord.
Enfin, la hauteur de la cuvette est aussi logiquement proportionnelle à la grandeur du capiton (6 cm maximum). Il est primordial de trouver le bon équilibre entre la profondeur du capiton, son nombre, sa largeur afin que l’ensemble soit esthétique. De gros capitons (comme sur un divan) sur un petit siège ne conviennent pas. Il est préférable d’en faire plus et plus petits.
Pour commencer, nous allons voir ici comment réaliser un capitons sur une assise de siège rectangulaire.
Après la réalisation de la cuvette du siège, placez un papier kraft sur la cuvette, la maintenir avec des houzeaux et tracez les bords de la cuvette sur le papier. Enlevez le kraft. Tracez dessus une droite coupant le centre dans la largeur (droite YY’) et une droite coupant le centre dans la longueur (droite XX’). Vous obtenez un point central. Ce point central, le point 0 sera le centre de votre premier capiton. Tracez ce capiton et nommons les 4 angles de ce capiton A, B, C, D. Ces 4 points correspondent aux 4 boutons qui vont serrer le capiton (Schéma 1)
Schéma 1 report capiton compas
Tracez dessus une droite coupant le centre dans la largeur (droite YY’) et une droite coupant le centre dans la longueur (droite XX’). Vous obtenez un point central. Ce point central, le point 0 sera le centre de votre premier capiton. Tracez ce capiton et nommons les 4 angles de ce capiton A, B, C, D. Ces 4 points correspondent aux 4 boutons qui vont serrer le capiton.
Définissez la grandeur et la largeur de votre capiton en fonction des éléments déjà énoncés ci-dessus.
Mesurez avec un compas, la distance entre OB ou OD (correspondant logiquement à la longueur d’un demi-capiton) et avec le compas, reportez sur YY’ (correspondant à la profondeur du siège ou à sa hauteur pour un dossier) cette mesure, en commençant du point B, jusqu’en haut puis du point D, jusqu’en bas. La droite YY’ est maintenant coupée en segments correspondant à la taille d’un demi-capiton.
Tracez maintenant des parallèles à XX’ passant par ces points.
Sur ces parallèles, reportez toujours au compas, comme précédemment la distance correspondant à la largeur AC, autant de fois que cela est possible et ce sur toutes les parallèles en commençant par reporter la distance à partir du point A, puis du point C. Ensuite, sur la parallèle passant par le point D, en commençant par ce même point, idem de l’autre coté, à partir du point B.
Maintenant votre tracé représente des parallèles coupées par des points positionnés en quinconce. Ces points représentent l’emplacement des boutons du capiton.
Repositionnez maintenant le papier kraft marqué sur la cuvette, en l’ajustant bien et piquez des houzeaux dans le kraft aux futurs emplacements des boutons, afin de marquer leur emplacement sur la garniture (fond de cuvette). C’est à cet emplacement que vous placerez les ficelles de serrage.
La réalisation proprement dite du capiton commence.
Coupez des ficelles de 70 cm environ autant de fois que vous avez de boutons de capitons. Passez une ficelle sur ces points en emprisonnant environ 5 à 6 fils de la toile (en diagonale pour éviter l’arrachage de la toile) et faite un petit nœud provisoire au bout (boucle dans boucle) afin de les maintenir en place.
Une fois toutes les ficelles placées, il faut maintenant réaliser des lacets afin de mettre notre cuvette en crin. La boucle des lacets passera entre les ficelles de serrage mais sans les emprisonner (pour que l’on puisse les tirer ensuite). Attention, quelque soit le siège, le capiton central est repéré par 4 ficelles de serrage de couleur (colorer les bouts avec un feutre).
La mise en crin se fait en partant d’un coté, en progressant rangée par rangée. Il est important de réaliser une mise en crin homogène afin que le capiton ait la même densité partout. Il fait veiller à bien relever les ficelles de serrage au dessus. Evidemment, la quantité de crin détermine la hauteur du capiton.
Il est possible de calculer cette ampleur : positionnez une bande de carton à anglaiser sur le point A et courbez le pour que l’autre extrémité touche le point C. La courbe obtenue est déployée et mesurée avec une règle. C’est la différence entre la longueur obtenue et celle du capiton (L) qui donne l’ampleur (Schéma 2)
Il est possible de calculer cette ampleur : positionnez une bande de carton à anglaiser sur le point A et courbez le pour que l’autre extrémité touche le point C. La courbe obtenu est déployée et mesurée avec une règle. C’est la différence entre la longueur obtenue et celle du capiton (L) qui donne l’ampleur
schémas 2 et 3 = mesure ampleur capiton et mesure ampleur capiton
L’arrondi du capiton fait varier l’ampleur de celui-ci. Cf tableau des ampleurs. Schéma 4
schémas 4
Par exemple : capiton d’une longueur de 90 mm pour une hauteur de 40mm, l’ampleur à rajouter est de 43 mm, soit une mesure à reporter sur la toile blanche. de 90 + 43 = 133mm
Il faut maintenant reporter le tracé des capitons sur la toile blanche en rajoutant l’ampleur à la mesure de base, au feutre ou au crayon car la craie s’effacera avec la manipulation. Exemple : 6cm x 9cm sans ampleur = 9cm x 12cm avec l’ampleur.
schémas 5 et 6 = marquage toile blanche 1 et 2
Positionnez la toile blanche marquée sur le crin et commencez par passer les ficelles du capiton central. Afin de ne pas déchirer la toile lorsque l’on tirera sur la ficelle, il est important de bien passer les ficelles (avec un carrelet) en diagonale par rapport aux fils de trame (trous espacés de 0,5 cm environ). Puis, on poursuit le passage des ficelles en rayonnant autour du capiton central.
Dès que la ficelle est passée, il faut la maintenir serrée grâce à un nœud « provisoire » (boucle dans boucle).
En effectuant le serrage (en plusieurs fois, le dernier serrage au maximum avec un nœud coulant), les plis commencent à se former et il faut les orienter. La mise en blanc étant le brouillon de la couverture il est important de travailler aussi sur ces plis. Il faut ensuite les coudre au point caché pour éviter qu’ils se déforment (ce qui permet également de corriger les défauts).
Sur une assise, le tapissier privilégiera l’orientation des plis vers l’avant car lorsque l’on est assis, on a tendance à glisser vers l’avant ce qui aura pour effet d’ouvrir les capitons s’ils sont orientés vers le haut (Schéma)
Pour la couverture, posez une fine couche de ouate sur la mise en blanc, en prenant soin de retirer un peu de ouate dans le fond du creux pour éviter une sur-épaisseur qui empêchera de tirer le bouton.
Les capitons ne sont pas tracés sur le tissu d'ameublement décoratif. Comme pour la mise en blanc, commencez par le capiton central en ajustant l’étoffe droit fil.
Le tapissier commence la pose des boutons par les boutons du capiton central. Il est possible de récupérer les ficelles qui ont servi au serrage de la toile blanche. Sortir les deux brins avec un carrelet droit, toujours en diagonale en respectant un écart de 0,5 cm. Passer l’un des brins dans le bouton et faire un nœud coulant au dessus pour le maintenir. Le brin libre est repassé sous le nœud coulant pour former une boucle que l’on serre à fond. Le brin est ensuite repassé dans la boucle qui est serrée ce qui fait descendre le bouton. A la fin, elle est coupée puis cachée sous le bouton.
Il ne faut pas coudre les plis du tissu de couverture, c’est la tension qui forme ces plis. Logiquement plus le capiton est creux et plus les plis sont profonds et bien formés.
Attention au style de tissu choisi : certains velours unis et les satins chatoyants se prêtent bien à ce genre d’exercice, leurs reflets étant accentués par les plis. A éviter : les rayures et les écossais pour des raisons évidentes : peu faciles à poser sur un siège simple, il est presque impossible d’obtenir une finition régulière sur un capiton . En ce qui concerne les motifs, il est intéressant d’essayer d’en placer un sur chaque capiton mais le calcul risque de provoquer une bonne migraine !!!
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